Les pins en bonsai font partie de l'essence même de cet art, ce sont les premiers arbres que les chinois puis les japonais ont cultivés en pot dans un but esthétique. L'objectif était de recréer en miniature des paysages évocateurs que seule la nature sait créer. Il existe plusieurs variétés de pins et le pin mugo est certainement celui qui est le plus boudé par les amateurs.
Les raisons sont multiples, ce n'est pas une variété asiatique donc les japonais ne nous ont pas transmis des informations sur la culture et l'entretien. Il a un port naturel en boule qui n'est pas une forme que l'on apprécie en bonsai. Et puis surtout c'est un arbre que l'on a l'habitude de voir dans des aménagements paysagés de type rocaille.
Pourtant le pin mugo mérite que l'on s'intéresse à lui, c'est certainement le pin le plus facile de culture en bonsai, il fait naturellement de petites aiguilles et permet de créer des bonsais extraordinaires. A la pépinière, nous en cultivons depuis des dizaines d'années et nous essayons progressivement de changer sa mauvaise image.
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Le pin mugo, Pinus mugo 'Mughus', ou pin des montagnes
Cet arbre pousse à l'état naturel dans les montagnes européennes, sur des sols rocheux jusqu'à la limite de la végétation. C'est donc un pin qui pousse en altitude mais qui se plait très bien aussi en plaine et dans nos jardins.
Comme le pin noir du Japon, c'est un également pin à deux aiguilles, c'est-à-dire qu'elles sont accrochées par paires. Mais elles sont naturellement petites ce qui est un avantage pour en faire un bonsai. Elles sont d'un joli vert profond.
Son écorce se craquelle moins que d'autres pins, elle garde un caractère juvénile pendant des années mais avec le temps elle devient plus sombre, se fissure et prend un caractère très intéressant.
Comment entretenir un pin mugo en bonsai ?
Vous allez voir que la culture et l'entretien sont très faciles, c'est certainement le plus simple des pins en bonsai et c'est celui que nous conseillons pour les débutants. Mais ne pensez pas pour autant qu'il se limite à ceux qui font leurs premiers pas dans le bonsai. Non, il a tellement de qualités que tout amateur devrait en posséder un dans sa collection.
Du soleil et du froid
C'est un arbre de montagne qui pousse en plein soleil et subit des températures parfois extrêmes. Donc en été, ne le protégez pas, laissez le en plein soleil toute la journée. Si le pin mugo se retrouve trop à l'ombre, il va s'affaiblir, ses aiguilles perdre de leur couleur vert foncé et devenir un peu moins piquantes.
En hiver, aucune protection particulière, laisse-le prendre le froid et le gel. C'est un arbre qui a besoin de subir les affres de l'hiver.
Arrosage, modérément mais sûrement
Pour bien cultiver un bonsai, il faut toujours essayer de comprendre comment ils poussent à l'état naturel. Le pin mugo vit dans des milieux rocheux, parfois secs. Lorsqu'il y a de la pluie, c'est sous forme d'averses parfois très fortes. Cet arbre est donc habitué à manquer parfois un peu d'eau.
Donc arrosez copieusement, jusqu'à ce que la motte soit bien trempée, puis laissez sécher. Alors que sur d'autres bonsais nous conseillons d'arroser lorsque le dessus du substrat sèche, avec le pin mugo attendez encore un peu. Mais ne le laissez pas non plus des jours en pleine chaleur sans une goutte d'eau !
Grattez un peu la surface du substrat, si vous trouvez rapidement de l'humidité vous pouvez attendre. Sauf en période de grosse canicule où là il ne faut pas jouer avec la santé de nos bonsais.
Au printemps ou à l'automne nous pouvons avoir plusieurs journées, voir des semaines, de pluie. Et ça les pins en général d'apprécient pas trop. Le mieux est dans ce cas de placer l'arbre à l'abris de la pluie, que la motte puisse se drainer naturellement et éliminer toutes les rétentions d'eau dans le pot. Si vous avez un excès d'eau, vous verrez que le bout des aiguiles devient jaune. C'est un signe qui doit vous alerter et vous indique de protéger le mugo de la pluie.
Comment tailler un pin mugo
De l'automne au début du printemps, vous pouvez couper les branches inutiles ou bien les raccourcir. Pour cela, vous devez avoir une idée de la mise en forme que vous voulez faire. Pour chaque branche, demandez-vous si elle est assez longue, si elle est assez grosse. Si ce n'est pas le cas, alors laissez pousser une année de plus.
Lorsque vous raccourcissez une branche, laissez toujours quelques pousses pour prendre le relais. S'il ne reste aucun bourgeon sur une branche, ou s'ils sont trop faibles, elle va mourrir. Le pin mugo est incapable de rebourgeonner sur le bois nu (ce n'est pas un érable).
Evitez également de tailler plus d'un tiers de la végétation pour conserver une bonne vigueur. Si vous devez tailler plus, vous pouvez le faire sur plusieurs années successives.
Comment densifier un pin mugo en bonsai ?
Lorsque les branches principales sont en place, nous cherchons à développer des plateaux d'aiguilles bien denses. Le pin mugo a la réputation d'avoir du mal à créer de nouveaux bourgeons en arrière, que la végétation reste un peu éparse. Nous disons que c'est complètement faux et que c'est un arbre qui se densifie très bien, à condition de laisser faure la nature.
Ceux qui n'arrivent pas à densifier un pin mugo appliquent de mauvaises techniques, du moins des techniques qui ne sont pas adaptées. Nous ne désaiguillons pas, nous ne pinçons pas, nous ne taillons pas les chandelles. Les aiguilles c'est ce qui permet à la sève de circuler dans les branches. Plus vous laissez d'aiguilles, plus la photosynthèse est importante, plus l'arbre est fort et plus il va créer de bourgeons. En coupant des aiguilles, vous affaiblissez l'arbre ; creer de nouveaux bourgeons demande de l'énergie, alors laissez-lui toute sa force !
Ce qui fait qu'une branche va créer des bourgeons arrières, c'est sa vigueur et le soleil. Il faut que la lumière puisse atteindre les parties où vous voulez voir apparaitre des bourgeons. Pour cela, ouvrez les plateaux et mettez les branches à l'horizontale. Elles poussent naturellement un peu vers le haut, nous utilisons des haubans afin de les abaisser. Et tout de suite l'intérieur de l'arbre s'ouvre, le soleil peut pénétrer.
Faites cette opération pendant l'hiver, et durant l'été vous verrez certainement de nouveaux bourgeons. Laissez-les pousser 2 ans, leur faire prendre de la vigueur, si vous voulez raccourcir la branche et la reconstruire à partir de ces bourgeons arrières.
Rempotage
Comme pour tous les pins, la force de l'arbre est dans les racines. Plus vous en coupez, plus vous allez l'affaiblir, donc on ne coupe jamais plus d'un tiers des racines.
Le rempotage se fait lorsque le pain racinaire est compact et sain. En retirant l'arbre du pot vous devez voir des mycorhizes. Ces filaments blancs sont en fait des champignons qui vivent en symbiose avec les racines et aident à puiser des nutriments dans le sol. Elles se développent en quelques années et vont progressivement coloniser le pot. Vous devez donc avoir une bonne odeur de champignons, et une motte bien recouverte de ces filaments : c'est le signe d'un arbre sain.
Rempotez à la fin de l'hiver quand les bourgeons grossissent et avant de voir monter les chandelles. Ne rempotez surtout pas lorsque les chandelles montent, vous risqueriez de tuer l'arbre. Ne rempotez pas non plus en plein hiver car l'activité racinaire est très réduite et la météo est généralement pluvieuse ce qui peut causer des excès d'eau.
Le bon moment est donc lorsque vous voyez les bourgeons changer de couleur, devenir un peu plus clairs et plus gros. Utilisez un substrat drainant, les pins n'aiment pas les rétentions d'eau.
Ne "tapez pas trop dans les racines", on ne peigne jamais les racines comme sur un érable, en allant jusqu'au nebari. On ne touche jamais au coeur de la motte, on se contente de gratter le tour sur quelques centimètres (cela dépend de la taille du pot), et couper les racines traçantes. On replace ensuite dans le pot avec du substrat neuf.
Lorsque vous rempoter, prenez une partie de l'ancien substrat avec des mycorhizes et rajoutez le au nouveau. Cela favorisera le développement de nouvelles mycorhizes.
Fertilisation
Si vous voulez créer du bourgeonnement arrière ou bien faire grossir/allonger des branches, alors il faut fertiliser dès le printemps. Cela va donner un surplus de vigueur à l'arbre. Si vous avez un bonsai déjà formé, alors ne commencez à donner de l'engrais qu'une fois les aiguilles sorties des chandelles.
Nous utilisons un mélange d'engrais organique et d'engrais chimique faiblement azoté que nous appliquons tous les deux mois, jusqu'à l'automne.
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