Genévrier en bonsai, guide d’entretien

Le genévrier est l’un des conifères les plus populaires en bonsai. Il est particulièrement apprécié dans les expositions pour son feuillage qui forme des plateaux denses, ainsi que son bois mort mettant en valeur les veines vivantes qui le parcourent. S’il ne s’agit pas du bonsai le plus facile, cela n’en reste pas moins une essence agréable à travailler et qui autorise de nombreux styles de mise en forme.

Les différents types de genévriers

Cet arbre de la famille des cyprès comporte des dizaines d’espèces, ainsi que de nombreux cultivars. Nous pouvons cependant distinguer 2 grandes familles :

  • Les genévriers à écailles, le plus populaire étant le Juniperus ‘Chinensis’ ;
  • Les genévriers à aiguilles, dont le Juniperus ‘Rigida’ ou le Juniperis ‘Communis’.

En jardinerie ou auprès des professionnels du bonsai, vous trouverez principalement des genévriers à écailles. Les différences variétés se différencient par la couleur de leur feuillage, ou encore le fait qu’il soit plus ou moins dense.

Une variété très prisée en bonsai, est le Juniperus Chinensis ‘Itoigawa’, avec son feuillage d’un vert plus profond qui se densifie très très bien.

Le Juniperus Chinensis et le plus populaire des genévriers en bonsai

Le genévrier : une lutte entre la vie et la mort

Ce qui différencie certainement le genévrier des autres essences en bonsai, c’est sa capacité à former des veines vivantes qui courent le long du bois mort. Cela est du au fait que les canaux de sève sont très compartimentés.

En d’autres termes, la sève circule dans des canaux qui relient directement les grosses racines aux branches. Lorsque vous coupez une racine, la branche qui est reliée va mourrir.

De même, si vous taillez une branche, la partie racinaire associée va mourrir. Vous verrez alors que toute la partie du tronc sous la branche va sécher.

Dans la nature, et surtout en montagne, le genévrier est un arbre qui peut prendre des formes tortueuses, avec des veines vivantes qui s’enroulent autour des bois morts causés par les chutes de pierres, la neige et autres évènements naturels (ou pas).

Lors des expositions, ces veines vivantes sont mises en valeur : elles sont nettoyées de leur couche d’écorce superficielle, puis une huile alimentaire est utilisée pour faire ressortir leur teinte rouge.

Le bois mort est quant à lui nettoyé des salissures, puis du « liquide à jin » est appliqué, pour éviter la dégradation du bois mais également pour lui donner une couleur blanchâtre, sur laquelle les veines vivantes vont se détacher visuellement.

Lorsque l’on regarde un genévrier préparé pour une exposition de bonsai, ce qui saute aux yeux, c’est ce contraste entre le bois mort blanc, les veines vivantes bien rouges et le feuillage d’un vert profond. Il s’en dégage toute une symbolique de la vie qui se fraye toujours un chemin. Le tronc sinueux, tortueux, donne un effet dramatique !

Le nettoyage des veines reste toutefois une opération qui n’est réalisée que dans un but esthétique, pour présenter le bonsai en exposition. Lorsqu’il est sur vos étagères, laissez-le tranquille. 

Genévriers bonsai en vente à la pépinière

Comment entretenir un genévrier en bonsai ?

Emplacement

Le genévrier est un bonsai d’extérieur qui doit rester dehors toute l’année. Il a besoin de soleil pour que le feuillage se développe et se densifie. S’il supporte bien la chaleur, en cas de période de canicules il appréciera également d’être à mi-ombre.

En hiver, il ne nécessite pas vraiment de protection contre le gel, sauf si celui-ci dure plusieurs jours. Si c’est le cas, mettez-le une journée dans un endroit hors-gel afin que la motte puisse dégeler.

En revanche, le genévrier aime moyennement les excès d’eau, et suivant la région où vous habitez, les pluies abondantes au printemps ou à l’automne peuvent être problématique. C’est un arbre qui n’apprécie pas d’avoir tout le temps les racines dans l’eau pendant des semaines. Mettez-le à l’abris quelques jours, le temps que l’eau contenue dans le pain racinaire se draine, puis replacez-le à son emplacement habituel.

Arrosage

Le genévrier en bonsai aime l’eau mais sans excès. Arrosez régulièrement en laissant sécher légèrement la motte entre deux arrosages ; en d’autres termes, tant que le dessus du substrat est humide, ne sortez pas votre arrosoir.

Un excès d’eau, particulièrement de l’automne jusqu’au printemps suivant, peu mener à une asphyxie des racines le développement de maladies.

En revanche, en été c’est arrosage tous les jours. S’il n’a pas assez d’eau pendant la belle saison, la pousse va ralentir.

Rempotage

L’opération se fait au début du printemps, juste avant le démarrage de la végétation. Sur le genévrier chinois (juniperus Chinensis), vous verrez les pointes du feuillage devenir vert clair.

Faites attention lorsque vous coupez des racines, surtout des grosses racines, car vous pourriez perdre la branche associée. Lorsque l’on a l’habitude, on peut suivre les veines en passant le doigt sur le tronc. L’endroit où passent les veines est plus gonflé.

Le genévrier est quand même un bonsai qui n’aime les rempotages trop drastiques. Ne coupez pas trop de racines, et ne mettez surtout pas le pain racinaire à nu en essayant de démêler toutes les racines. Contentez-vous de démêler celles qui sont sur le pourtour et coupez les plus longues qui se sont enroulées sur le tour ou le fond du pot.

Le rempotage se fait tous les 3 à 5 ans, suivant l’état d’avancement de l’arbre. Plus un bonsai est mature, et moins il nécessitera d’être rempoté souvent. A la pépinière, nous utilisons un terreau agricole composé de tourbe noire, tourbe blonde, terre végétale, fumier de cheval, pouzzolane.

Fertilisation

Le genévrier en bonsai aime l’engrais, et nous n’hésitons pas à utiliser conjointement fertilisation organique et chimique (en respectant les doses). C’est pendant la période printanière, jusqu’aux premières chaleur que le genévrier va pousser le plus et qu’il a besoin d’un maximum d’énergie. 

Si vous voulez avoir une feuillage d’un vert profond, qui se développe bien et se densifie, il n’y a pas de secret : fertilisation, soleil et un bon arrosage pour compenser la transpiration du feuillage.

Un genévrier vigoureux va émettre des tiges qui dépassent largement du profil de l’arbre. Si ce n’est pas le cas, vous devez adapter vos conditions de culture. 

Comment tailler un genévrier en bonsai ?

La littérature sur le sujet est souvent confuse et contradictoire. Certains bonsaikas ne jurent que par le pincement, d’autres non. Alors, qu’en est-il vraiment ?

Un genévrier bonsai en bonne santé va développer des tiges aux extrémités des branches. Il est nécessaire de les tailler afin de favoriser l’apparition de bourgeons intérieurs. Si vous ne taillez pas, très peu de bourgeons apparaitront sur le bois des années précédentes. Les branche vont s’allonger et se « déplumer » en arrière. 

Or, ce que nous recherchons en bonsai, ce sont des plateaux bien denses, avec une ramification proche du tronc.

Nous pouvons souvent lire qu’il faut pincer les rameaux, en venant« casser » les tiges qui dépassent du profil de l’arbre. Or, le genévrier n’apprécie pas vraiment ces pincements à répétition.

Ne pas pincer un genévrier, mais uniquement le tailler sur la partie lignifiée

Il faut comprendre une chose essentielle sur le genévrier : sa force vient du feuillage, contrairement aux pins en bonsai dont la force vient des racines (c’est pour cela que le pin supporte mieux le pincement des chandelles).

Si vous pincez tout le temps, vous bloquez sa croissance et allez affaiblir votre arbre. Au début, vous verrez apparaitre des bourgeons en arrière mais progressivement ils se feront de plus en plus rares.

Le pincement ne doit se pratiquer que sur un genévrier que vous allez présenter en exposition, afin de bien délimiter les plateaux et d’avoir une belle finition. Il s’agit donc d’une technique qui doit être mise en pauvre de façon exceptionnelle et pas de façon régulière.

En revanche, tailler est important afin que la lumière et le soleil pénètrent à l’intérieur de l’arbre et stimulent les bourgeons latents.

Commencez par supprimer tous les rameaux qui poussent vers le bas, afin d’obtenir des plateaux dont le dessous est plat. Faites également un petit ménage lorsqu’il y en a plusieurs qui partent d’une même intersection. A chaque embranchement, en ne conserve que 2 pousses, en formant des plateaux en éventail.

Enfin, raccourcissez les rameaux les plus long, en taillant sur la partie lignifiée, c’est-à-dire celle qui s’est transformée en bois. Vous devez tailler sur la partie marron et non pas sur la partie verte.

La partie verte est celle qui est en croissance, elle consomme l’énergie de l’arbre. La partie lignifiée accumule de l’énergie. Lorsque vous taillez à ce niveau, vous utilisez cette énergie pour faire apparaître de nouveaux bourgeons arrière et ainsi construire une belle ramification.

Lorsque vous taillez une branche, conservez toujours du feuillage, sinon elle va mourrir (comme sur un pin).

Ligature

Le genévrier a un bois souple qui permet de nombreuses mises en forme. Les branches peuvent être pliées et positionnées aux endroits voulus, permettant de laisser libre cours à la créativité de l’artiste.

Si ces mises en forme peuvent être réalisées tout le long de l’année, évitez de faire de gros pliages pendant l’été et de façon générale quand il fait chaud. Attendez plutôt des températures plus fraiches.

Une belle mise en forme sur un genévrier en bonsai, c’est ligaturer toutes les branches, jusqu’au bout des rameaux (on utilise alors du petit fil de 1mm). Cela demande du temps et de la patience.

Il faut parfois ligaturer plusieurs fois un bonsai pour que les branches principales conservent leur position. Quant aux plus petites, pour un résultat bien léché il faudra toujours avoir une fine ligature sur le bout de branches.

Sur un bonsai qui a déjà sa forme, vous pouvez également le maintenir uniquement par la taille. Ce sera alors un style un peu plus libre, qui s’éloigne un peu des canons de l’esthétique bonsai à la japonaise.

Boutures de génévrier pour créer des bonsais

Le génévrier est également un arbre qui se bouture très bien, et nous en faisons régulièrement à la pépinière. Lorsque la bouture est bien racinée, n'hésitez pas à la ligaturer pour lui donner du mouvement, même en l'exagérant fortement. Lorsque le tronc va grossir, la courbe va s'atténuer.

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