Il suffit parfois de changer légèrement les sons d'un mot pour que la signification soit tout autre. Que l'amateur de bonsai n'a jamais entendu un béotien parler de banzai pour désigner les petits arbres en pot nous jette le premier suizeki.
Faisons donc une parenthèse dans l'activité de la pépinière pour nous plonger dans les arcanes de l'étymologie mais également de l'histoire du Japon.
Déjà, savez-vous ce que veut dire bonsai ? C'est un terme japonais composé de 2 kanjis (les caractères chinois) 盆 (BON) qui veut dire pot, ou plateau, et 栽 (SAI) qui veut dire plante, ou herbe. Donc littéralement, un bonsai c'est un arbre dans un pot. C’est plutôt simple, mais peut-on considérer chaque plante qui pousse dans un pot comme un bonsaï ?
La nature est l’inspiration directe de la culture du bonsaï, mais le bonsaï ne cherche pas le mimétisme avec la nature. C'est plutôt l'évocation en miniature de la puissance de l'arbre. C'est le processus de recherche de l'essence véritable des arbres mais avec un minimum d'éléments.
L'homme dérive de la nature et l'homme finit par revenir à la nature. D'un point de vue philosophique, le bonsaï peut être considéré comme une manifestation de la dualité de la vie entre l'homme et la nature. C'est aussi l'occasion de communiquer son interprétation personnelle de notre relation avec la nature.
Le terme banzai désigne quelque chose de complètement différent. Ce mot est composé du caractère 万 MAN (qui devient BAN) qui veut dire dix mille, et 歳 SAI (qui devient ZAI) et qui veut dire ans. BANZAI était le cri que poussaient les KAMIKAZE pendant la seconde guerre mondiale, souhaitant par leur sacrifice dix mille ans de vie à l’empereur du Japon.
D'ailleurs, KAMIKAZE vient de KAMI qui veut dire Dieu et KAZE qui veut dire le vent, donc littéralement « vent divin », en référence aux vents qui sauvèrent le Japon d’une flotte d’invasion mongole au 13ème siècle.
Il est parfois amusant de se plonger dans la compréhension des termes que nous utilisons au quotidien dans la culture et la formation de nos bonsais.
Par exemple, savez vous ce que veut dire JIN ? C'est un terme que nous employons pour désigner une branche morte. Mais en japonais, JIN signifie Dieu ou Divinité. Oui je sais, un peu plus haut je vous ai dis que Dieu se disait KAMI. C'est ce qui fait toute la complexité (et le charme) de la langue japonaise. Pour chaque kanji il y a deux façons de les prononcer :
- la KUN, qui est la prononciation japonaise du kanji
- la ON, qui correspond à la prononciation chinoise du kanji.
Suivant le contexte, la prononciation ON ou KUN est utilisée. Le but de cet article n'étant pas de vous faire un cours de japonais, revenons à nos bois morts.
Quand les japonais utilisent le terme JIN, à quoi font-ils référence ? Lorsqu'une partie d'un arbre meurt, c'est généralement du à un élément naturel, tel que la foudre, le vent, le feu. Les japonais associent cet événement avec l'intervention d'une entité suprême. Selon la religion Shinto, c'est le signe du dieu habitant l'arbre qui manifeste sa présence.
Tout de suite, cela donne un côté plus dramatique à votre bois mort
Maintenant, quand vous ferez un jin sur un genévrier ou un pin en bonsai, gardez cela en mémoire !