Le Ginkgo Biloba est une essence un peu à part dans le monde du bonsaï. Très apprécié pour ses feuilles en forme d’éventail qui prennent une couleur jaune or à l’automne, sa croissance est cependant très lente. En bonsaï, les possibilités de mise en forme sont assez réduites, mais en posséder un dans sa collection fait toujours son effet.
Le ginkgo Biloba, un conifère d’une extrême résistance
Contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant ses feuilles qui tombent à l’automne, le Ginkgo Biloba n’est pas un feuillu. Il a longtemps été classé dans la famille des conifères, avant que les botanistes ne créent une famille uniquement pour lui.
La raison vient que cet arbre remonte à l’époque de la préhistoire, il y a environ 200 millions d’années. Il a ainsi été contemporain des dinosaures, et n’a que très peu changé depuis. Il serait le dernier survivant d’une grande famille qui se serait progressivement éteinte.
Le Ginkgo Biloba est originaire de Chine, où il a longtemps poussé de façon endémique, bien qu’aujourd’hui il ne reste plus vraiment de forêts uniquement de cette espèce. Il est par contre très courant dans les temples, et il est encore possible de pouvoir y admirer de très vieux spécimens.
Le Ginko a ensuite été importé en Corée, au Japon dès le 12eme siècle et ce n’est qu’au 18eme siècle qu’il est arrivé en Europe.
Il aujourd’hui considéré comme un symbole sacré de longévité, peut-être aussi parce qu’il est utilisé dans la médecine traditionnelle chinoise dès 2700 avant J.-C.
Si le Ginkgo Biloba a quitté l’enceinte des temples pour se retrouver comme arbre d’ornement dans les rues de nos villes, c’est parce qu’il résiste à peu près à tout : sécheresse, maladies, insectes, pollution. Il a même survécu à la bombe de Hiroshima !
En revanche, les premiers paysagistes qui ont décidé d’en planter se sont vite rendu compte d’une caractéristique un peu particulière du Ginkgo Biloba. C’est un arbre dioïque, c’est-à-dire qu’il y a des arbres mâles et des arbres femelles. Ces derniers portent des ovules à l’extrémité des rameaux (non, ce ne sont pas des fruits). Lorsqu’ils tombent au sol et se décomposent, ils dégagent une odeur puante !
C’est pour cela que maintenant, seul des arbres mâles sont plantés.
L’arbre aux milles écus
Le Ginkgo Biloba est aussi appelé « arbre aux 40 écus » ; la légende raconte que le botaniste français Pétigny aurait acheté 5 plants pour 40 écus d’or, une somme considérable pour l’époque (les Ginkgos plantés en France descendent d’ailleurs de ces pousses).
Il est également appelé l’arbre aux mille écus, en raison de ses feuilles qui, à l’automne, passent du vert au jaune or. L’arbre semble alors complètement recouvert d’écus d’or.
En pleine terre, le ginkgo peut atteindre une hauteur de 25m, mais c’est un arbre qui pousse très lentement. Former un tronc épais est une véritable école de patience, surtout en partant d’une graine.
Comment entretenir un Ginkgo Biloba ?
Exposition
Vous devez cultiver le Ginkgo au soleil, surtout au printemps et à l’automne. Si vous voulez obtenir de belles couleurs automnales, il faudra fournir un maximum de soleil direct dès la fin des grosses chaleurs.
Au milieu de l’été, c’est quand même un arbre en bonsaï qui apprécie d’être à la mi- ombre. Durant les semaines les plus chaudes, faites lui une place sous une ombrière ou dans un endroit qui est exposé à l’Est, il ne s’en portera que mieux.
Si en pleine terre, le Ginkgo est un arbres très rustique, ses racines n’en demeurent pas moins sensibles au gel. Durant l’hiver, protégez le pot des fortes gelées, par exemple le recouvrant d’un paillis, de papier bulle ou en plaçant le bonsaï en serre froide.
Arrosage
Il est assez gourmand en eau durant la saison de pousse. Dans la nature, c’est un arbre qui supporte bien la sécheresse, mais ses racines vont puiser l’eau en profondeur. Lorsque vous le cultivez en pot, il faudra veiller à ce que le substrat ne sèche pas en profondeur.
Du printemps jusqu’à l’automne, arrosez dès que la surface du substrat est sec. En été, par contre, c’est arrosage tous les jours, sans vous poser de questions.
En hiver, il faut absolument éviter les excès d’arrosage car en pot les racines sont plus vulnérables et n’aiment absolument pas baigner constamment dans l’eau. Si vous habitez dans une région pluvieuse, pensez à le mettre à l’abris des pluies prolongées, le temps que le substrat se draine des excès d’eau.
Rempotage
Les bonsaï en cours de formation seront rempotés tous les 2 ans, et pour les sujets plus matures, vous pouvez rallonger un peu. Plutôt que de rempoter suivant un calendrier, vérifiez l’état du pain racinaire. Si vous voyez de longues racines qui s’entourent pour former une couche au fond du pot, c’est le moment de les tailler !
Le rempotage se fait au début du printemps, juste avant le débourrement. Vous verrez les bourgeons terminaux gonfler et prendre une couleur légèrement verte.
Evitez de couper trop de racines et ne cherchez pas à retirer l’ensemble de l’ancien substrat. Contentez-vous de couper les racines trop longues sans entrer trop profondément dans la motte.
A la pépinière, nous utilisons un terreau agricole composé de tourbe noire, tourbe blonde, terre végétale, fumier de cheval, pouzzolane.
Fertilisation
Malgré sa pousse lente, le Ginkgo est gourmand en engrais. Fertilisez du printemps jusqu’à l’automne.
Comment tailler un Ginkgo Biloba ?
Durant la saison de pousse, la taille doit se faire en vert. C’est-à-dire sur la partie qui n’est pas encore lignifiée. Mais n’espérez pas pour autant avoir une seconde pousse. Pour obtenir une ramification, il faut ainsi des années de patience.
Tailler sévèrement une branche, directement sur le bois, pendant la période de croissance est assez risqué. Si vous désirez faire une taille de structure, attendez l’hiver et évitez de couper de trop grosses branches, car le Ginkgo cicatrise très mal.
Style, ligature et mise en forme
Le Ginkgo Biloba est un arbre au bois raide et cassant. Les jeunes poussent peuvent être ligaturées mais uniquement pour leur donner une orientation, n’espérez pas plus. Les entre-nœuds sont également assez longs, ce qui donne l’impression d’avoir une ramification assez grossière.
Les possibilités de mise en forme sont donc assez réduites et souvent c’est un arbre qui est formé « en balai ».
Les japonais ont quant à eux défini un style uniquement pour cette essence : la forme en « flamme », avec les branches qui sont orientées vers le haut. C’est un style qui trouve son inspiration dans le port naturel de cet arbre, et qui ne nécessite quasiment pas de ligature. C’est une forme libre qui a également l’avantage de mettre en valeur le feuillage à l’automne, lorsque l’arbre est alors entièrement recouvert d’une parure couleur or.
Les feuilles du Ginkgo ne se réduisent quasiment pas lorsqu’il est cultivé en bonsaï. C’est donc une essence qui n’est pas vraiment adaptée aux shohins.