Comprendre l’art du jardin japonais

Au Japon, le jardin est quasiment toujours le complément d’une maison, d’un temple ou d’un palais. Pourtant, les jardins japonais n’ont pas grand chose en commun avec les grands jardins géométriques à la française, ni même avec les jardins à l’anglaise.

Les jardins japonais sont fascinants et enchanteurs avec leur incroyable attrait esthétique et leur atmosphère relaxante. Pourtant, beaucoup d’amateurs n’osent pas se lancer dans la création de ce type de jardin, souvent parce que cela semble trop compliqué. Et il ne suffit pas de mettre une lanterne en granit à côté d'un niwaki pour créer un aménagement dans les règles de l'art.

Les jardins japonais ont une histoire et une évolution particulière au fil des siècles. Ils obéissent également à des schémas différents, et surtout ils sont fortement emprunts de symbolisme et de spiritualité. C’est peut-être cela qui les rend difficile à comprendre, mais c’est surtout cela qui les rend si passionnant.

Historique du jardin japonais

Le jardin japonais tire ses origines du jardin chinois, qui se développa sans doute au cours de la dynastie Han (206 avant JC à 220 après JC). Au cours du 6eme siècle, des marchands japonais faisant du commerce avec la Chine y ont admiré ces jardins et on progressivement ramenés des idées, des techniques et des styles d’arrangement paysager.

Même s’il y a quelques similitudes entre le jardin chinois et le jardins japonais, les deux ont emprunté des routes parallèles, qui parfois convergent, et puis s’écartent de nouveau pour avoir leur identité propre.

Jardin japonais au Japon

Les jardins japonais trouvent également leurs racines dans la religion du shintoïsme. Le mot japonais pour dire jardin (NIWA) signifierait d’ailleurs un endroit qui aurait été nettoyé et purifié en prévision de l’arrivée du KAMI (la divinité shintô). Les rochers, les vieux arbres, les lacs, sont considérés comme l’incarnation de KAMI et ont exercés une influence durable dans la conception des jardins japonais.

Lorsqu’au 7eme siècle, le bouddhisme devient religion d’Etat au Japon, et se mêle alors aux croyances shintoïstes. Les deux cultes cohabitent d’ailleurs toujours, en continuant leurs influences sur la conception des jardins. En effet, le jardin chinois comme pour le jardin japonais, traduit ce besoin de rapprochement de l’Homme avec l’au-delà ; le jardin devant être une représentation du paradis sur Terre.

Au 8eme siècle, pendant l’ère Nara, jardins japonais et chinois sont assez proches, car l’influence de l'Empire du Milieu est importante dans bien des domaines, notamment l’architecture. C’est à cette époque que des éléments décoratifs tels que les ponts ou les fontaines font leur apparition dans les jardins.

Jardin japonais avec pont recouvert de mousse

Pendant la seconde moitié du 11e siècle (période Heian), est publié un ouvrage majeur : le Sakuteiki (ou livre de conception du jardin). Il décrit de façon précise différents types de jardins, avec des instructions techniques et précises pour les mettre en oeuvre, notamment comment doivent être agencées et orientées les roches, quelles formes doivent avoir les îles, etc. Pour la première fois, l’art du jardin japonais pouvait se transmettre de façon écrite et non plus uniquement orale.

Le bouddhisme se développe de plus en plus au sein de l’archipel nippon, pour donner naissance à la branche du bouddhisme Zen et la création des premiers jardins zens (ou jardins secs), avec un style d’aménagement très épuré où les éléments peuvent ne plus être présents mais simplement évoqués ou stylisés. Au fil du temps, ces jardins secs ont perdu leur côté religieux pour devenir simplement esthétiques.

Jardin de thé avec tsukubai et lanterne

Avec l'introduction de la cérémonie du thé au 14e siècle, le CHANIWA (jardin attaché à la maison de cérémonie du thé) est apparu. En fait, ce n'est pas tant un jardin qu’un chemin menant au CHASHITSU, la petite maison où est servie le thé. Le but du jardin de thé était de créer un sentiment de solitude et de détachement du monde, pour se préparer à la cérémonie.

Durant la période Edo (1600-1868), alors que le Japon vit replié sur lui même, c’est l’apparition des jardins promenade dont l’aménagement évoque certains paysages célèbres. S’y côtoient à la fois des jardins de thé, des jardins secs, des îles. Les considérations esthétiques prédominent dorénavant sur les considérations religieuses.

Aujourd’hui, le jardin japonais continue d’évoluer par petites touches contemporaines, même s’il repose toujours sur ses fondements historiques. Le monde entier admire et envie ces jardins, qui inspirent des créations partout dans le monde.

Les différents types de jardins japonais

Au Japon, l'espace, ou son absence, est toujours une considération, et par conséquent, les jardins sont souvent créés comme des paysages miniaturisés. Une petite cour, un balcon ou même un coin devant une fenêtre suffisent à évoquer quelque chose de plus grand. D’ailleurs, une des raisons pour lesquelles l’art du bonsai est populaire au Japon est que parfois, l'espace est si restreint que les jardins doivent être amenés à l’intérieur.

Ainsi, il n’existe pas un jardin japonais, mais plusieurs types de jardins japonais. Suivant la surface disponible, l’exposition du terrain et ses aspirations personnelles, l’un sera plutôt choisi plutôt qu’un autre. En si la taille le permet, il est possible de faire cohabiter en un seul espace plusieurs jardins japonais.

SHINDEN ZIKURI : le jardin de style Shinden

Ce type de jardin est certainement « le moins japonais des jardins japonais » mais, datant le l’époque Heian (794-1185) c’est aussi le plus ancien. Il est fortement inspiré des jardins chinois de style « île-étang ». Il n’en subsiste aujourd’hui aucun dans leur forme originelle, même si certaines parties de ces jardins existent toujours.

Le jardin de style SHINDEN est généralement grand, et comporte une série de pavillons organisés en U, ainsi qu’un imposant étang avec en son centre une île. Ces jardins d’agrément ont avant tout été conçus pour distraire l'aristocratie de l’époque qui pouvait les admirer depuis les bâtiments.

Jardin japonais au bord d'un étang

Ces jardins étaient une inspiration de la nature, une sublimation de la nature au sein d’un espace plus petit, avec une représentation très marquée des saisons. Ils sont souvent séparés en quatre parties, chacune associée à un point cardinal et à une saison. L’influence du Feng Shui ainsi que de Yin et du Yang y étaient très présentes. Chaque aménagement créé par l’Homme devait se positionner à la bonne place, afin de ne pas perturber l’équilibre énergétique (氣, KI en japonais, QI en chinois). Respecter ces précautions, c’était avant tout assurer au propriétaire du lieu une vie tranquille, longue et prospère.

Peu à peu, l’inspiration chinoise laisse la place à une interprétation plus japonaise, avec la représentation de paysages plus locaux. Au cours des 9e et 10e siècles, la genèse d’une esthétique purement japonaise va commencer à bouleverser les règles.

KAIYUSHIKI : le jardin promenade

Ces jardins sont généralement de grande dimension et appartenaient à de grands seigneurs daimyô. Datant pour la plupart de l’époque Edo, ils ont été construits à une époque où le Japon en avait terminé avec ses luttes pour le pouvoir, toutes les provinces étaient à nouveau unifiées.

Mais si les luttes entre les seigneurs n’étaient plus militaires, elles deviennaient politiques et les jardins servaient à montrer leur puissance. D’anciens jardins de types SHINDEN sont agrandis, de nouveaux sont aménagés.

Jardin japonais de type paysage à Nara, au Japon

Le paysage est complètement modelé, en créant des collines, des étangs et des îles pour pour parfois recréer « l’image » de paysages d’autres provinces ou des lieux touristiques célèbres. Cette véritable appétence des japonais pour le voyage va ainsi fortement influencer les concepteurs de jardins, notamment avec la technique du « paysage emprunté » (SHAKKEI 借景) qui consiste à intégrer au jardin l’arrière plan des paysages alentours, lui donnant ainsi l’impression d’être beaucoup plus grand qu’il ne l’est en réalité.

Le caractère sacré que l’on peut rencontrer dans les autres types de jardins a ici complètement disparu. Ils sont uniquement esthétiques. Les roches ne sont plus évocatrices de divinités, c’est plutôt le côté graphique de leur arrangement qui est mis en valeur.

Le lien entre l’Homme et la nature reste cependant très présent ; le jardin est avant tout une célébration de la nature dans ce qu’elle a de plus belle, il cherche à exprimer une émotion. Les arbres et arbustes sont soigneusement taillés, des plantes à la floraison ou au feuillage remarquable (érables, cerisiers) sont plantés pour marquer le passage des saisons et donner lieu à des festivités.

Jardin japonais avec érable, étang et petite clôture en bambou

Le jardin promenade a progressivement intégré des éléments d’autres types de jardins, notamment du jardin de thé, avec de grandes lanternes de pierres le long des chemins, de petits bassins, des chemins pavés en pierre. Parfois même, un jardin de thé ou un jardin sec sont intégrés dans une partie. Ces jardins perdent alors leur essence spirituelle au profit d’un intérêt purement esthétique et ludique.

Les jardins KAIYUSHIKI évolueront ainsi vers une version édulcorée des autres types de jardins japonais, en leur empruntant certaines techniques et concepts esthétiques. Ce sera alors le début des jardins plus modernes qui apparaitront après la restauration de Meiji, avant un retour à des valeurs plus traditionnelles à la fin du 20e siècle.

KARESANSUI : le jardin Zen 

Aussi appelé jardin sec, c’est le jardin japonais le plus emblématique et le jardin graphique par excellence. S’inscrivant généralement dans un petit espace clos, il est l’illustration du goût du peuple japonais pour le symbolisme et le minimalisme.

Le jardin zen est apparu à partir du 16e siècle, et se qualifiait avant tout de religieux, car c’est dans les monastères des écoles bouddhistes Zen qu’il s’est d’abord développé. Le mot Zen (禅) signifiant méditation.

Jardin zen avec grande étendue de sable ratissé

A une époque où le Japon est ravagé par les guerres et les troubles, où chaque jour la vie côtoie la mort, les militaires se sont retrouvés dans certains préceptes du Zen, notamment que l’Homme est seul maître de sa destinée. La méditation joue alors un rôle de plus en plus important, permettant de conduire un moine à l’état d’illumination et un guerrier à la victoire.

Le mot KARESANSUI (枯山水) est composé de 3 caractères 枯 (flétrir, se dessécher), 山 (montagne) et 水 (eau). La montagne et l’eau sont ici uniquement symbolisés.

Une des caractéristiques essentielle d’un jardin Zen est ainsi l’utilisation de pierres et l’absence d’eau. Cet élément, essentiel dans la conception des jardins japonais, est juste suggéré par des étendues planes recouvertes de gravier, au milieu desquelles trônent des pierres judicieusement disposées et entourées d’un peu de mousse, afin de représenter des îles et un paysage.

Une autre caractéristique de ce type de jardin est qu’il ne change pas, ou très peu, au fil des saisons. Le temps n’a pas d’emprise sur lui. C’est ainsi que le KARESANSUI ne comporte que peu de plantes (les conifères tels que les pins seront privilégiés pour leur aspect immuable), voir pas du tout. C’est avant tout un jardin minéral.

Célèbre jardin zen Ryoan-ji à Kyoto

L’objectif du jardin sec n’est pas récréatif. Il n’est pas conçus pour s’y promener mais pour l’ observer depuis un ou plusieurs endroits bien précis. D’ailleurs, il est rare de pouvoir pénétrer physiquement dans ces jardins ; c’est plutôt le regard qui s’y promène alors que l’observateur se tient à distance.

Ce sont donc des jardins de contemplation, mais pas forcément de méditation. Car ce n’est pas en les regardant que les moines exercent leur aptitude à la concentration, mais c’est plutôt dans leur entretien quotidien, tel que le ratissage du gravier, éliminer chaque feuille ou aiguille de pin qui s’y trouve ou encore entretenir les fines mousses.

CHANIWA, le jardin de thé

Aussi appelé ROJI (露地, littéralement « sol recouvert de rosée ») ce jardin est étroitement lié à la cérémonie du thé qui se développa à partir du 14e siècle, à l’époque Muromachi. La culture du thé a toujours occupé une place importante dans l’histoire du Japon, et elle s’écarte progressivement du modèle chinois pour devenir un véritable art de vivre (茶道 CHADO, la voie du thé).

Cette culture atteindra son paroxysme à la fin du 16e siècle, avec la codification de la cérémonie du thé par Sen no Rikyû. Chaque détail et geste y a son importance, chaque personne a son rôle à jouer, rassemblés autour de 4 principes : harmonie, respect, pureté et tranquillité de l’esprit.

Petut jardin de thé à l'ombre

Le jardin de thé se conçoit comme une préparation à quitter son univers quotidien, avec son lot de souffrances et de problèmes, pour entrer dans un autre où règne la tranquillité et où le temps ne semble plus exister. C’est une des raisons pour lesquelles ce type de jardin est clos, coupé de tout environnement extérieur. Des palissades, des murs ou des végétaux persistants (par exemple des bambous) masqueront les « vues indésirables ».

Dans ce type de jardin, vous ne verrez que très peu de fleurs, qui ont tendance à distraire celui qui se prépare à entrer dans un autre monde, et qui marquent trop le temps qui passe. Tout au plus, quelques fleurs arrangées en IKEBANA pourront être placées dans le TOKONOMA de la maison de thé, qui marque le point final du voyage.

Il faut considérer le jardin de thé comme un véritable écrin, l’ambiance doit évoquer un sentiment de paie et de relaxation. Il est généralement composé de plusieurs parties, avec un chemin (le ROJI) en forme de chicanes, obligeant à ralentir le pas, tel la vie qui ne suis plus son cour normal. Le visiteur marche sur des pierres plates légèrement surélevées (TOBIISHI 飛石, pierres volantes) pour arriver à un porche, à l’entrée de la maison de thé. Juste avant la cérémonie du thé, l’hôte aura arrosé les pierres, afin de « purifier » le jardin, tout en apportant un peu de fraicheur en été.

Maison de thé traditionnelle dans un jardin japonais de type CHANIWA

Les maitres de thé (et tout particulièrement Sen no Rikyû) ont intégré les lanternes en pierre dans le CHANIWA. Initialement introduites au Japon depuis la Chine, elles apportaient avant tout une dimension spirituelle, représentant l’harmonie entre l’Homme et la nature. Elles sont généralement placées le long du ROJI ainsi que près du TSUKUBAI (蹲踞, littéralement « vasque où l'on s’accroupit »), permettant de se purifier avant d’entrer dans la maison de thé.

Le jardin de thé ne peut être vu dans son ensemble, on ne peut chaque fois en apercevoir qu’une partie. Il est construit pour être parcouru.

TSUBONIWA : le jardin-cour

C’est un petit jardin qui peut être aménagé sur une toute petite surface, telle qu’un patio, une cour intérieure, un petit espace tout en longueur. Le TSUBO-NIWA est idéal pour une petite surface inutilisée car difficile à exploiter et qui pourrait difficilement être mise en valeur.

Le mot TSUBO (坪) fait référence à une unité de mesure des surfaces, un carré d’environ 182 centimètres de côté. Un TSUBO est donc égal à un peu plus de 3,3 mètres carrés (environ la surface de deux tatamis).

Le TSUBONIWA est ainsi un petit jardin, entouré de murs ou de clôtures. Les éléments y sont judicieusement choisis ; on peut y trouver quelques pierres plates pour marcher, un petit bassin, une lanterne, quelques plantes soigneusement entretenues. C’est un univers en miniature qui doit sublimer l’espace.

Petit jardin japonais de type TSUBONIWA avec lanterne de pierre et bassin

A Kyoto il reste de nombreuses maisons traditionnelles en bois que l'on appelle MACHIYA. A travers plus de 1200 ans d’histoire, l'atmosphère de Kyoto a été préservée à travers son architecture traditionnelle, et ces habitations ont été construites à partir du moyen-âge japonais par des marchands et artisans vivant dans l’ancienne capitale impériale.

Ces maisons sont souvent une succession de pièces étroites s'étendant profondément par rapport à la rue. On traverse une MACHIYA à travers une allée qui mène à l'arrière, pour arriver au TSUBONIWA, un petit endroit végétalisé à l'intérieur de la ville, un endroit propice à la relaxation, qui fait entrer l'air et la lumière à l'intérieur de la maison.

Petit jardin dans une maison traditionnelle japonaise, à Kyoto

Si l’on considère que le jardin japonais est une sublimation de la nature, alors le TSUBONIWA est une sublimation du jardin japonais.

Esprit et philosophie de conception des jardins japonais

Le but de cet article n’est pas de vous donner des recettes toutes faites que vous pourrez appliquer chez vous. Car souvent, ces modèles ne s’appliquent pas à votre jardin ou plus généralement à l’espace dont vous disposez. Pire, certaines de ces recettes ne sont qu’une juxtaposition de « japoniaiseries », c’est-à-dire des éléments qui sont détournés de leur contexte pour tenter de créer une ambiance japonisante.

Au contraire, notre objectif est de vous faire comprendre l’esprit du jardin japonais, de repartir de la base pour que vous puissiez les assimiler et les appliquer chez vous.

Le jardin japonais est l'alliance parfaite entre l'eau, la pierre et le végétal

Cela dit, restons humbles, et la conception d’un véritable jardin japonais est un art, et les véritables réussites en dehors du pays du soleil levant sont rares. Partons plutôt sur l’idée d’un jardin d’inspiration japonaise, qui va respecter les fondamentaux et ne tombera pas dans des pièges grossiers.

Il est tentant, lorsque l’on se lance dans un tel projet, de penser d’abord aux végétaux et aux objets qui seront utilisés, plutôt comprendre qu’un jardin japonais se conçoit telle une communion, ou une harmonie, avec la nature.

Bien plus que le reflet de la nature, ce doit être une oeuvre propice à la contemplation. Mais ce n’est pas pour autant un parfait exemple d’équilibre et d’harmonie. La jardin japonais se caractérise notamment par 3 concepts essentiels.

Dissymétrie et nombres impairs

Pour les Japonais, l’harmonie naît du déséquilibre, le chaos cacherait en fait une harmonie fondamentale. Au contraire, les nombres pairs, les lignes et les angles attirent tout ce qui est esprit maléfique.

Contrairement aux jardins à la française qui présentent généralement des lignes bien droites et une parfaite symétrie, les jardins japonais jouent sur l’asymétrie et les courbes, qui sont plus naturelles et propices à la contemplation.

Oubliez donc les allées bien droites, délimitées par des bordures, avec des arbres bien alignés. Les pierres comme les arbres seront toujours plantés soit par 2, soit en nombre impaire (et plus particulièrement 3, 5 ou 7), mais seront également de taille différente. Lorsque 3 pierres sont regroupées, il y en aura toujours une grande, une moyenne et une plus petite.

La notion d’espace vide est également importante (aussi importante qu’elle l’est en bonsai), afin d’obtenir un certain équilibre.

Dissimuler pour inviter à la découverte

C’est une autre grande caractéristique du jardin japonais, certains éléments sont volontairement cachés afin de surprendre le visiteur. Le jardin se révèle au fur et à mesure de la découverte.

Cela permet de donner plusieurs caractères au jardin, suivant les différents points de vue de ceux qui contemplent. Un peu comme si vous contemplez différentes toiles.

Même pour les jardins secs, lesquels s’observent depuis un endroit donné, certains éléments peuvent ne pas être directement vus. L’exemple le plus populaire est le jardin du monastère Ryōan-ji de Kyoto. Sur 200m2 de gravier blanc, 15 pierres cernées de mousse ont été placées. Mais d’où que vous soyez sur la plateforme d’observation, vous ne pourrez jamais toutes les voir en même temps.

Dans le Ryoan-ji à Kyoto, il est impossible de voir en même temps toutes les pierres dans le jardin

La dissimulation est également une composante essentielle du jardin de thé, au sein duquel le visiteur déambule, et sa structure très travaillée a pour objectif de créer une atmosphère si particulière qui nous coupe du monde réel.

La simplicité, maître mot du jardin japonais

Le jardin japonais doit se considérer comme une oeuvre où l'intervention de l'homme est minimale, alors qu'elle est le fruit d'une longue planification, d'agencement, de taille d'arbustes et de plantes pendant des années, et qui vise à reproduire un paysage naturel.

Contrairement à un jardin de style européen, un jardin japonais ne repose pas sur de multiples plantes, d'éléments de décoration et couleurs audacieuses. Au contraire, cela doit être un espace calme.

Le KANSO (簡素, littéralement simplicité, ou pureté) est un grand principe du jardin japonais, mais également de la tendance minimaliste de l'architecture moderne et du design d’intérieur. Il consiste en l'élimination de l'encombrement au profit de la simplicité.

L'ordre obtenu grâce au KANSO amène un sentiment de paix, de calme et d’harmonie au jardin. Tous les éléments, aussi bien les végétaux que les objets, doivent être minimes et simples. Ne cherchez pas à surcharger l’espace et demandez vous chaque fois si tel élément est vraiment nécessaire. Ne rajoutez pas une lanterne ou un bassin parce que vous en avez envie, mais parce qu’ils ont une place et un objectif bien défini.

Quels éléments composent un jardin japonais ?

Tous les jardins japonais comportent trois éléments essentiels, que sont les pierres, l’eau et les plantes, qui sont chacun des éléments symboliques.

L’eau, l’élément fondamental de l’existence humaine

L'eau a toujours été au cœur de l'aménagement du jardin japonais. Les premierscréés au Japon s’organisaient autour d’un lac ou d’un étang comme point central. Les étangs étaient de contour irrégulier, parsemés de gros rochers, et toujours, une île sortait de la surface de l’eau.

ruisseau avec grosses pierres permettant de le franchir

L’eau contribue à l'expression de la nature et symbolise le renouveau, le calme, l'émerveillement et la continuité dans l’au-delà. L’élément peu se présenter tous de nombreuses formes : des étangs, mais également des ruisseaux, des cascades ou tout simplement des bassins. De nombreux jardins relient des sections distinctes grâce à un ruisseau, à une série d'étangs interconnectés ou à de petites chutes d’eau.

Pont en pierre au dessus d'un petit cours d'eau, dans un jardin japonais

Dans les premiers jardins, encore fortement inspirés par la culture chinoise, l'énergie YIN de l'eau était sensée interagir et compenser l'énergie YANG des pierres, en particulier dans les cascades ou dans les étangs avec une pierre centrale qui s'en élevait.

Dans les jardins secs (KARESANSUI), l’eau n’est pas physiquement présente mais suggérée par une zone de fin gravier blanc, soigneusement ratissée. Des pierres dressées symbolisent des îles et les motifs sur le gravier évoquent les vagues qui viennent s’échouer sur le rivage des îles.

Les pierres et roches, une évocation de la montagne

Les pierres font l'objet d'une attention particulière dans la philosophie asiatique. Symbole de durée et d'omniprésence des forces de la nature, elles ancrent le jardin au sol et lui donnent sa personnalité spécifique.

Les pierres sont disposées selon des règles strictes, en fonction de leurs formes et de leur taille ; elles sont souvent jumelées par 3, 5 ou 7, avec un contraste dans leur dimension. Les pierres créent des reliefs, produisent des collines et des vallées donnant naissance à des cascades, des ruisseaux et des étangs.

Des pierres sont disposées le long d'un ruisseau

Leur placement, en relation avec d'autres éléments et composantes du jardin, peut produire des paysages miniatures, d'apparence réaliste, avec des rochers formant de petites chaînes de montagnes. Des pierres sont également disposées pour former les bords des ruisseaux et des étangs artificiels, en prenant grand soin de faire apparaître les petits détails reflétant l’état naturel.

L'importance d'incorporer des représentations de montagnes dans un jardin japonais provient de la vénération des montagnes, et de la croyance que les montagnes sont des concentrations d'énergie KI du monde naturel.

En tant qu'élément, la roche est classée par les Chinois comme YANG parce qu'elle est forte, durable, et masculine, mais les meilleures pierres de jardin présentaient également des caractéristiques de rareté et de délicatesse.

Pierres disposées sur un gravier blanc, dans un jardin zen

Le type de pierre à utiliser est l'un des éléments les plus importants dans la conception d'un jardin japonais. Les pierres les plus prisées sont les pierres lourdes et robustes qui semblent défier la gravité et suspendues dans l'air comme des nuages.

Différents types de chemins

Les chemins, allées et passages sont très largement utilisés dans les jardins japonais. Ils sont un moyen de guider le visiteur vers un objet ou un endroit significatif. Ils contrôlent également la progression du mouvement d'étape en étape.

De grosses pierres plates, connues sous le nom de pas japonais, tracent un chemin vers la porte du jardin

Il existe différents type de chemins, et le plus formel est créé avec ses pierres taillées de façon rectiligne, afin de délimiter de grandes allées de passage. L'apparition des jardins de thé a progressivement donné naissance à de nouveaux types de sentiers, plus informels et qui obligent à ralentir le pas, permettant aux visiteurs de se détendre et de méditer.

Les pierres sont alors semi-enterrées en positionnant la face plate au dessus. C’est ce que l’on connait sous le nom de « pas japonais ». Lorsqu’elles sont plus petites, elles peuvent également être assemblées pour former des allées ou des escaliers.

Des pierres plus petites forment des allées ou des escaliers

Les plantes dans le jardin japonais

Les Japonais montrent une capacité naturelle à interpréter le charme des plantes et des fleurs afin d'exprimer leurs joies et leurs douleurs. Leur communion avec la nature se manifeste à travers un symbolisme élaboré et c'est pourquoi leur intérêt pour le domaine végétal est devenu une véritable passion.

Le soin apporté aux plantes dans un jardin japonais est comme celui apporté aux bonsais : les plantes vivantes sont façonnées à la forme exacte nécessaire pour l'effet symbolique ou graphique que l'on désire.

Beaucoup de personnes pensent que l’on ne peut utiliser qu’un nombre restreint de plantes dans un jardin japonais. Ce sont souvent les mêmes qui pensent que l’on ne peut faire un bonsai qu’avec quelques essences japonaises. Plus que l’essence, c’est ce que l’on en fait qui est important.

Dans un temple japonais, Jardin zen avec des érables en fond

Les cerisiers et les érables sont des plantes couramment utilisées pour leur attrait périodique, au printemps et à l’automne. Il est important de les choisir et placer correctement pour souligner ces caractéristiques.

Inversement, les bambous, les pins et les pruniers sont également populaires en raison de leur beauté exceptionnelle qui apparaît pendant la saison hivernale à mesure que les autres plantes deviennent dormantes.

NIWAKI, les « arbres taillés à la japonaise »

Les Japonais ont l'habitude d'harmoniser les moindres détails de leur environnement les uns avec les autres. Cette habitude se reflète généralement dans leurs jardins, avec des arbres qui semble se fondre dans tout ce qui les entoure. Cet art est ce que nous appelons NIWAKI, qui se traduit littéralement par « arbre de jardin ».

Dans son essence, le NIWAKI est l'art de tailler ces arbres de jardin pour les harmoniser avec leur environnement, afin de s’intégrer dans le style du jardin. En d'autres termes, il s'agit d'équilibre et d’harmonie.

Grand pin taillé en niwaki, à l'entrée d'un temple bouddhiste au Japon

L'idée du NIWAKI est de garder les arbres en proportion avec le reste du jardin, en limitant leur croissance, en coupant les branches, en taillant différentes parties afin de s'harmoniser avec le reste. L’objectif est de créer une version idéalisée d’un arbre dans la nature.

Même si l’art du NIWAKI a été importé de Chine, il a été fortement influencé par le shintoïsme et le bouddhisme ; le noyau fondamental de cette pratique est le respect et l’adoration de la nature. Et contrairement aux idées reçues, le style de ces arbres n’est pas artificiel mais sont l’évocation de très vieux arbres dans la nature, qui ont souvent peu de branches mais très densifiées.

Dans la pratique, nombre de techniques utilisées pour former un NIWAKI sont proches de celles utilisées dans l’art du BONSAI. Et c’est normal, la culture de nos petits arbres en pot, et notamment toutes les techniques de taille, sont directement issues de l’art du NIWAKI.

Au Kinkaku-ji à Kyoto, de nombreux pins sont taillés en niwaki

Les arbres les plus prisés au Japon sont les pins, à la fois pour leur aspect intemporel au fil des saisons, ainsi que pour leur symbolique de puissance, de longévité et de sagesse. Ce sont les plus emblématiques avec leur plateaux « taillés en nuages ». Mais de nombreuses essences sont également taillées en NIWAKI, dans des formes un peu plus libres, notamment les érables.

Dans un souci de simplicité et pour rester dans l’esprit du KANSO, choisissez plutôt un ou deux beaux arbres déjà matures, plutôt que plusieurs petits. A la pépinière, nous avons une sélection de NIWAKI, des pins et des érables du Japon taillés et prêts à devenir la pièce centrale de votre futur jardin japonais.

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TAMAMONO et KARIKOMI, les arbustes taillés

Les arbustes taillés sont un autre élément important des jardins japonais. Un TAMANONO est un arbuste taillé en forme de boule légèrement aplatie. Même s’il y a des points communs avec l’art du topiaire des jardins à la française, la forme recherchée est ici une demi sphère, et non une forme de boulel. Elle doit être au moins deux fois plus large que haute, la partie la plus large touchant le sol.

Les arbustes taillés de cette manière semblent assis au sol, comme s'ils étaient des pierres profondément enterrées. Cette forme de base ajoute une dimension, présente tout au long de l'année, qui contraste avec l'horizontalité du sol et la verticalité des arbres et arbustes à croissance verticale. Sa répétition apporte à la fois masse et stabilité au jardin, et joue un rôle important dans l'établissement de la simplicité et de la tranquillité caractéristiques des jardins japonais.

Les arbustes taillés en demi-boule, dans les jardins au Japon, sont appelés tatamono

Les arbustes formés en TAMAMONO doivent être séparés les uns des autres, mais s'ils commencent à pousser ensemble, il est possible de créer des formes de vague connue sous le nom de KARIKOMI. Ces « vagues » sont simplement de longues lignes d'arbustes de TAMAMONO connectés.

Les arbustes doivent être positionnés en zigzag, avec des hauteurs différentes, plutôt qu'en ligne droite, car les lignes droites ne sont par naturelles et font plutôt référence à des constructions humaines (telles que des murs).

Un KARIKOMI n’est composé que d’une seule espèce, et au Japon les azalées sont les plus prisées. Chez nous, l’arbuste idéal est le buis, qui se densifie très bien, malgré une pousse relativement lente. N’hésitez donc pas à utiliser d’emblée des arbustes de bonne taille.

Un sol recouvert de mousses

Le gazon est rarement présent dans les jardins japonais (sauf dans quelques créations modernes). Les mousses sont privilégiées pour leur finesse (et leur entretien bien moins contraignant). Il existe de très nombreuses variétés de mousse et lors d’un passage à Kyoto, ne manquez pas le Kokedera, un temple bouddhiste surnommé « le temple des mousses ».

Sol recouvert de différentes mousses dans un jardin au Japon

Gio-ji, toujours à Kyoto est également un exemple remarquable de jardin entièrement recouvert de mousses. Mais il faut également comprendre que le climat du Japon, et plus particulièrement le climat local de ces jardins se prête bien à leur culture. Gio-ji est situé au pieds des montagnes, avec une atmosphère très humide.

Le TSUKUBAI, le lieu traditionnel de purification à l’intérieur d’un jardin de thé

En entrant dans un jardin de thé, vous marchez sur le chemin du ROJI, et vous arriverez à un endroit spécial appelé TSUKUBAI. Un bassin d'eau en pierre pour la purification est entouré d'autres pierres affectées à des objectifs spécifiques, le plus souvent basées sur des procédures établies pour la cérémonie du thé.

Le terme TSUKUBAI (蹲踞) vient du verbe japonais « tsukubau », qui signifie s'accroupir, et fait référence au fait qu'il faut s'accroupir ou se pencher pour utiliser le bassin.

Bassin en pierre servant à la purification, dans un jardin japonais

Le TSUKUBAI est généralement entouré d’un peu de végétation, de façon à ce que l’endroit soit légèrement ombragé et humide. Les fougères et autres plantes basses sont un complément idéal. A l’arrière, vous pouvez placer des arbustes mais en restant dans des tons verts afin qu’ils ne viennent pas distraire l’attention.

Shishi Odoshi

Le SHISHI ODOSHI est aussi connu sous le nom de chasse cerfs, car il était à l’origine composé d’un système de balancier afin d’émettre un claquement pour éloigner les animaux.

le shishi odishi est aujourd'hui plus une petite fontaine

Il s’est cependant rapidement transformé en simple élément de décoration devenu fixe. Il s’agit alors plus communément d’une tige en bambou laissant couler un filet d’eau qui vient se déverser dans un petit bassin ou un TSUKUBAI.

Les lanternes

Pour beaucoup, les lanternes en pierre sont indissociables des jardins japonais, mais cela n’a pas toujours été le cas. Elles sont apparues en Chine sous la dynastie Tang et étaient utilisées dans un contexte religieux. Elles ont ensuite été introduites au Japon durant le 8e siècle, pendant la période Nara, puis pendant la période Heian.

Il existe plusieurs styles de lanternes, qui se différencient aussi bien par leur taille, que par leur forme. Le type le plus connu est certainement la lanterne KATSUGA, qui provint du sanctuaire éponyme à Nara.

Série de lanternes en granit dans le sanctuaire KATSUGA à Nara

Avec l’avènement de la cérémonie du thé, les lanternes sont devenues populaires dans les jardins de thé. Lorsque la cérémonie se déroulait le soir, il était nécessaire d’illuminer les parties trop sombres du sentier ainsi que le TSUKUBAI.

Grande lanterne menant dans un jardin de thé au Japon

Du jardin de thé, la lanterne a fait le saut dans d'autres formes de jardin et fait maintenant partie intégrante du jardin japonais, alors qu’en Chine, les lanternes en pierre sont devenues plus rares. C’est l'un des exemples de la façon dont le Japon a adopté des éléments de la Chine, développé son propre style, alors qu'en Chine, la culture a évolué dans une direction différente et cet élément peut maintenant être considéré presque exclusivement comme japonais.

Les clôtures en bambou

Pour créer un endroit isolé du monde extérieur, un environnement tranquille propice à la contemplation, il est essentiel de clôturer un jardin. Egalement, les jardins japonais comportent des divisions, l’espace est découpé en plusieurs endroits, permettant au visiteur de découvrir progressivement les différentes vues.

Les matériaux naturels, comme le bois et surtout le bambou, sont couramment utilisés pour les clôtures.

Dans un jardin japonais, clôtures en bois et en bambou

Le bambou était une caractéristique des jardins de l'époque Heian, il était associé à la qualité de la fraîcheur en été et était souvent planté du côté nord des résidences nobles.

Le bambou était considéré à la fois en Chine et au Japon comme ayant les qualités morales de résilience et de courage. La clôture est devenue une véritable forme d'art avec de nombreux types de motifs et variantes de clôture. Certains d’entre eux remontent au 16e siècle.

Les ponts, bien plus qu’un lieu de passage

Les pont n'ont commencé à apparaître dans les jardins japonais qu'à la période Heian. Pourtant, ils en sont devenus l'une des caractéristiques, aussi bien pour des raisons pratiques et pour le sens spirituel derrière ces structures.

Les ponts ont évidemment une relation étroite avec l’eau (les étangs, les ruisseaux). Ils sont devenus, dans leur forme la plus simple, un outil pratique pour déplacer les invités d'une « île » à une autre.

Pont en bois traversant un ruisseau, dans un jardin au Japon

Cependant, la véritable signification d'un pont japonais n'est pas seulement pratique, mais a de fortes connotations spirituelles. Le passage sur le pont symbolise le voyage du monde mortel vers l'au-delà et l’abandon de ses fardeaux. À travers ce voyage, l'individu fait l'expérience d'un sentiment symbolique de pureté, de paix intérieure et d'unité avec la nature.

Le plus emblématique de tous les ponts japonais est certainement le pont rouge voûté. Bien qu’il soit chargé du même symbolisme que les autres ponts, la couleur rouge a des connotations spirituelles à elle seule.

Pont rouge menant à un petit pavillon dans un célèbre jardin de Nara

Le rouge est une couleur importante dans la culture japonaise, elle représente la sagesse, la transformation et tout ce qui est sacré. Le rouge est également une couleur fortement liée au zen, et encourage donc davantage l'individu à rejeter son attachement aux choses physiques lors de son voyage à travers le pont.

Maintenant, c’est à vous ?

Nous voici arrivés au bout de cette découverte plus en profondeur de l’art du jardin japonais. Cet article s’est voulu différent des sujets généralement abordé par d’autres sites. Car il nous paraissait important, si ce n’est de comprendre, de vous faire toucher du doigt l’esprit du jardin japonais en revenant à son histoire, à son évolution, et à ses fondamentaux.

Certains aspects mériteraient d’être encore plus détaillés, mais pour le jardin japonais comme pour le bonsai, une vie ne suffirait pas à en maitriser toutes les subtilités.

Bien qu’au Japon il soit assez rare de voir des bonsais dans un jardin, nombre de bonsaikas français se sont lancer dans l’aménagement d’un petit coin japonisant pour mettre en valeur leur collection de bonsais. Et nous ne pouvons que vous pousser dans ce sens.

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